L' Histoire - Éditorial
Abel et Caïn
Caïn tuant Abel qui lui était préféré par Dieu. Romulus tuant Remus parce qu'il ne faut qu'un seul chef à la cité destinée à conquérir le monde. Le meurtre du frère par le frère est au principe de notre culture et de notre civilisation. Le fratricide fonde religions et nations plus solidement encore que la guerre étrangère.
Le rite barbare a cependant pris au cours des siècles des apparences très différentes. Des clans rivaux de Rome à la guerre civile espagnole, dont on commémore ce mois-ci le 70e anniversaire, et qui pendant trois ans ensanglanta le pays et embrasa l'Europe, peu de choses en commun. Non seulement en raison du nombre de victimes. Mais aussi parce que tout a changé au XVIe siècle: dans les nations modernes en construction, on s'entretue au nom d'un idéal religieux ou politique. Les populations entières alors sont prises en otages, la guerre est sans limites, et plus rien n'arrête le bras du bourreau. La guerre traverse les villages, les familles: on hait bien mieux qui nous ressemble.
Depuis deux mille ans, cette guerre intestine qui fait le désespoir des gens raisonnables enfante aussi parfois du génie. Archinos l'Athénien qui ruse pour amener les rivaux à s'entendre. Machiavel affligé par l'affreuse discorde des cites italiennes et qui en profite pour inventer la politique moderne. La guerre étrangère à la rigueur peut être justifiée, mais la guerre civile, elle, est de tout temps injustifiable. La seule réponse à l’horreur, c'est celle des politiques qui depuis longtemps prônent l'État fort, reconnu par tous, seul apte à confisquer, selon l'expression de Max Weber, le monopole de la violence légitime.
A cette règle, aucune grande nation n'a échappé. Seuls les Etats légitimes sont en mesure de pacifier leur espace. Le mouvement a parfois été long. La France a rejoué à plusieurs reprises la scènefratricide: guerres de Religion, guerre de Vendée, Juin 1848, Commune de Paris..., jusqu'à ce que l'avènement de la république apaise et réconcilie.
Ce qui est en train de se passer dans l'Espagne de Juan Carlos et de José Luis Zapatero nous montre, de manière plus récente, ce que sait faire un Etat démocratique de ses charniers domestiques. Une fois hommage et justice rendus aux victimes (toutes les victimes), le pays réconcilié peut enfin refermer ses plaies. Et la guerre civile devenir l'affaire des historiens et des romanciers.
Caïn tuant Abel qui lui était préféré par Dieu. Romulus tuant Remus parce qu'il ne faut qu'un seul chef à la cité destinée à conquérir le monde. Le meurtre du frère par le frère est au principe de notre culture et de notre civilisation. Le fratricide fonde religions et nations plus solidement encore que la guerre étrangère.
Le rite barbare a cependant pris au cours des siècles des apparences très différentes. Des clans rivaux de Rome à la guerre civile espagnole, dont on commémore ce mois-ci le 70e anniversaire, et qui pendant trois ans ensanglanta le pays et embrasa l'Europe, peu de choses en commun. Non seulement en raison du nombre de victimes. Mais aussi parce que tout a changé au XVIe siècle: dans les nations modernes en construction, on s'entretue au nom d'un idéal religieux ou politique. Les populations entières alors sont prises en otages, la guerre est sans limites, et plus rien n'arrête le bras du bourreau. La guerre traverse les villages, les familles: on hait bien mieux qui nous ressemble.
Depuis deux mille ans, cette guerre intestine qui fait le désespoir des gens raisonnables enfante aussi parfois du génie. Archinos l'Athénien qui ruse pour amener les rivaux à s'entendre. Machiavel affligé par l'affreuse discorde des cites italiennes et qui en profite pour inventer la politique moderne. La guerre étrangère à la rigueur peut être justifiée, mais la guerre civile, elle, est de tout temps injustifiable. La seule réponse à l’horreur, c'est celle des politiques qui depuis longtemps prônent l'État fort, reconnu par tous, seul apte à confisquer, selon l'expression de Max Weber, le monopole de la violence légitime.
A cette règle, aucune grande nation n'a échappé. Seuls les Etats légitimes sont en mesure de pacifier leur espace. Le mouvement a parfois été long. La France a rejoué à plusieurs reprises la scènefratricide: guerres de Religion, guerre de Vendée, Juin 1848, Commune de Paris..., jusqu'à ce que l'avènement de la république apaise et réconcilie.
Ce qui est en train de se passer dans l'Espagne de Juan Carlos et de José Luis Zapatero nous montre, de manière plus récente, ce que sait faire un Etat démocratique de ses charniers domestiques. Une fois hommage et justice rendus aux victimes (toutes les victimes), le pays réconcilié peut enfin refermer ses plaies. Et la guerre civile devenir l'affaire des historiens et des romanciers.
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